Égalité homme- femme : idéalisme ou réalisme ?
L'existence même d'une question portant sur l'égalité des hommes et des femmes est le reflet d'un constat : l'homme et la femme ne sont pas identiques. C'est justement parce qu'ils sont dissemblables que l'on cherche à comprendre s'ils sont égaux.
QU'EST-CE QUE L'ÉGALITÉ ?
Selon le dictionnaire Larousse, l'égalité c'est la qualité de ce qui est égale, équivalente. Ou encore rapport entre individus, citoyens égaux en droits et soumis aux mêmes obligations : égalité civile, politique, sociale. La notion d'l'égalité ne se confond pas avec l'identité et n'est pas contradictoire avec la notion de différence . Le fait que les personnes soient différentes entre elles ne les empêchent pas d'être égales. L'égalité est un droit fondamental de la personne humaine, quelque soit le sexe biologique ou social, l'orientation sexuelle et les différences entre les personnes.
« Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme ; car vous êtes tous un en Jésus-Christ » ( Galates 3:28 ). Ainsi, ensemble, ils sont les héritiers du salut, égaux quant à leur position devant Dieu, égaux spirituellement et égaux en héritage.
Cela signifie-t-il que les anciennes distinctions entre hommes et femmes du livre de la Genèse ont été abrogées ? Est-ce à dire que la position de l'homme (en tant que mari) comme tête dans le mariage et dans l'église est devenue obsolète ? Certes non, car ces différences sont réitérées dans le Nouveau Testament. Lorsque nous voyons l'instruction selon laquelle l'homme est le chef et que la femme se doit de le suivre en cela, nous en déduisons pas que les hommes sont supérieurs aux femmes. Nous gardons toujours en pensée Galates 3:28 . Il nous est facile de faire des suppositions hâtives et de tirer des conclusions erronées. Dans Genèse 2:18 , Dieu va donc faire pour l'homme un entourage, ou une aide, comme on lui traduit souvent. Une traduction très intéressante du mot hébreu est facilitateur ou compagnon. Ainsi Adam sera un facilitateur, un protecteur, une aide.
UNE ÉGALITÉ FORTEMENT ADMISE PAR L'ÉMANCIPATION DE LA FEMME
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948 : « Tous les humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Historiquement, la tradition patriarcale considérait que seul un homme pouvait détenir l'autorité dans une famille. C'était d'ailleurs reflété dans la loi : le père de famille commandait, et la femme devait également suivre son mari. Mais aujourd'hui, la raison des choses est que la même loi reconnaît l'autorité familiale à l'homme et à la femme. Ainsi, en vertu de l'article 51 de la loi sur le mariage : La famille est gérée conjointement par les époux dans l'intérêt du ménage et des enfants. Ils assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille, pourvoir à l'éducation des enfants et préparer leur avenir. Autre chose qui marque l'égalité entre l'homme et la femme dans la gestion de la famille, c'est que le domicile de la famille est choisi d'un commun accord par les époux, comme le stipule l'article 56 de ladite Loi. L'égalité entre les femmes et les hommes est une exigence de la démocratie.
L'homme et la femme partagent la même nature humaine, avec la même dignité et les mêmes droits : ils sont relatifs l'un à l'autre puisque la féminité et la masculinité se révèlent par un juste regard posé l'un sur l'autre. Dans leur distinction irréductible, ils sont sur un véritable pied d'égalité.
L'homme comprend ce qu'est « être un homme » quand il voit la femme devant lui. La femme comprend ce que signifie « être une femme » lorsqu'elle voit et comprend l'homme. La philosophie grecque proclame par la bouche d'Aristote que tout homme est un animal raisonnable ; le partage d'une même raison entre l'homme et la femme sur un même pied d'égalité. L'égalité s'enracine dans les différences. L'homme et la femme sont profondément égaux en dignité. Ils expriment à eux deux toute la beauté de la nature humaine et incarnent même l'image de Dieu (cf. Genèse 1, 26-27). L'égalité homme-femme recouvre à la fois une égalité en droit et une égalité sociale. L'égalité en droit est une question d'une longue évolution au cours de laquelle les femmes ont peu à peu acquis les mêmes droits que les hommes. Cependant, malgré la reconnaissance de cette égalité, des inégalités subsistant entre l'homme et la femme, liées aux stéréotypes dont sont victimes les femmes qui ont du mal à ne plus être limitées à leur rôle social de mère et d'épouse.
UNE SUPÉRIORITÉ APPARENTE DE L'HOMME SUR LA FEMME
Bien que l'homme et la femme soient égaux devant le Christ, les Écritures leur attribuent des rôles spécifiques. Le mari doit assumer la direction du foyer (1Corinthiens 11:3; Éphésiens 5:23) . Parce que le foyer est une église en miniature et c'est en cela que l'homme est le pasteur de cette église qui est le foyer.
Les femmes doivent se soumettre à l'autorité de leur mari. En effet, notons qu'on soit chrétien ou musulman, l'homme reste le chef de la famille. Il serait donc difficile que la femme soit chef de famille autant que l'homme puisque celle-ci est sortie de lui. Dans un registre proprement sociologique, si l'on adhère à la théorie wébérienne de la domination (Weber, 1995), il faut s'attendre à ce que la notion de chef de famille perdure. Le pouvoir auquel la réforme du mariage met fin à est un pouvoir rationnel-légal. Or le pouvoir traditionnel n’est pas absent de la gestion pratique de la famille. Le rôle du chef de famille, en pratique, relève beaucoup plus du traditionnel que du rationnel-légal. Le pouvoir, l'autorité, le leadership ne reposaient pas sur le rationnel-légal, c'est-à-dire que le mariage n'est pas régi par un seul ordre normatif. Il combine presque toujours l'ordre légal et l'ordre traditionnel. Le pouvoir rationnel-légal une fois donc évacué, il restera le pouvoir traditionnel dans lequel on ne peut se passer du statut de chef. D'ailleurs les conseils d'usage de l'officier de l'état civil comme exemple qui n'hésite pas à faire comprendre à l'épouse que « ce n'est pas parce qu'on dit qu'il n'y a plus chef de famille que vous allez porter la culotte.» On comprend à ce propos que l'abolition juridique de chef de famille n'équivaut pas à son abolition dans les faits. Même si le statut juridique du chef de famille est ôté, il est fort probable qu'un membre du couple continue à jouer ce rôle et ce, en vertu de la tradition.
Oeuvrer à l'égalité c'est accepter de remettre en cause les fondements du sexisme et du patriarcat.
Si l'égalité est donc affirmée de façon formelle dans le principe, elle n'est loin d'être acquise dans les faits. L'égalité de jure (de droits) ne mène pas automatiquement à une égalité de fait (de fait). Malgré les avancées significatives réalisées grâce à l'émancipation des femmes, qui ont permis de promouvoir une égalité largement acceptée dans de nombreux domaines, une certaine perception de la supériorité masculine persiste. Cette apparente supériorité de l'homme sur la femme, bien que souvent contestée et remise en question, demeure ancrée dans certaines structures sociales et culturelles. il est donc crucial de continuer à œuvrer pour une égalité et complète, en déconstruisant véritablement les stéréotypes et les inégalités résiduelles qui subsistent.
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